Quels risques comporte la politique expansionniste de la BCE ?

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Anonim

Le risque de difficultés de financement pour les pays européens est là. Tout dépend si la BCE décide d'annuler la dette ou de poursuivre la réduction des achats d'obligations.

Face à un environnement économique marqué par le ralentissement et la faible inflation, Mario Draghi, à la tête de la BCE, a plaidé pour une politique de taux d'intérêt bas et pour la mise en place de programmes de rachat de dette (ce qui a déjà été fait entre 2015 et 2018). Cependant, les décisions prises par Draghi comportent leurs risques et laissent Christine Lagarde dans son atterrissage imminent à la BCE avec un certain nombre de problèmes à régler.

La politique d'expansion monétaire, si elle a son utilité et son sens, pose également des problèmes selon le contexte dans lequel elle est appliquée. Cet instrument de politique économique affecte la valeur de la monnaie, l'épargne, le financement des États et des entreprises. Dès lors, il convient de s'interroger sur les implications de la politique de taux bas et d'achats massifs de dette que la BCE a menée avec Mario Draghi aux manettes.

Financement des pays de la zone euro

Dans le but de ramener l'inflation à 2%, depuis 2015, la BCE a massivement acheté de la dette souveraine. Tout cela a produit une forte baisse des taux d'intérêt sur la dette des pays de la zone euro. En raison des taux d'intérêt bas, de nombreux États européens ont négligé l'état de leurs finances. En d'autres termes, de nombreux pays de la zone euro dépendent de taux d'intérêt bas pour se financer. On constate donc que la politique monétaire n'affecte plus seulement la valeur de l'euro, mais aussi la capacité de financement des pays de la zone euro.

Sol fertilisé pour les bulles

Il est vrai qu'une baisse des taux d'intérêt peut être utilisée pour relancer l'économie dans un scénario à court terme. Cependant, maintenir des taux d'intérêt bas pendant une longue période comporte des risques. Justement, les taux d'intérêt bas sont le terreau des futures bulles. Ainsi, face à la baisse des rendements, les actifs financiers finissent par être surévalués. Et le fait est que l'éclatement des bulles peut se conclure par la sous-capitalisation de ceux qui ont investi dans ces actifs financiers.

Moins de marge de réaction de la BCE

On a beaucoup parlé du ralentissement de l'environnement économique mondial. L'échange de coups dans la guerre commerciale est l'une des principales causes qui expliquent la chute de la croissance économique mondiale. Imaginons maintenant que l'on passe d'un scénario de ralentissement à un scénario de récession (dont certains pays souffrent déjà). Avec des taux d'intérêt déjà bas dans un ralentissement, la BCE aurait moins de marge de manœuvre si l'Europe entre dans une phase de récession.

Peur d'un endettement plus important de la part d'entreprises moins solvables

Certains analystes soutiennent que les taux d'intérêt bas profitent aux entreprises les plus endettées et non aux plus saines. Nombreuses sont les banques qui, ayant dans leur liste de débiteurs des entreprises déjà fortement endettées, ont décidé de leur donner de nouvelles opportunités par le biais de refinancement. Ainsi, la faiblesse des taux d'intérêt a conduit à détourner les financements bancaires vers des entreprises vétustes au lieu d'être utilisés pour soutenir des entreprises aux finances saines. En fait, certains pensent déjà que le plan de relance de Draghi pourrait entraîner une forte augmentation de la dette des entreprises moins solvables.

Tout cela signifie utiliser des ressources dans des entreprises qui ne sont pas financièrement viables. Des ressources financières précieuses qui pourraient être utilisées pour des entreprises compétitives et qui pourraient contribuer à la création de richesse.

Liquidité

Un autre inconvénient posé par une politique monétaire expansionniste maintenue trop longtemps est une abondance excessive de liquidités. Ainsi, lorsqu'une banque centrale choisit de réduire cet excès de liquidités, des tensions peuvent survenir.

Ainsi, dès son arrivée à la présidence de la Banque centrale européenne le 1er novembre, Christine Lagarde devra prendre les mesures nécessaires pour répondre à toutes ces questions.