Le monopole inhabituel des manutentionnaires en Espagne, que se passe-t-il ?

Table des matières:

Le monopole inhabituel des manutentionnaires en Espagne, que se passe-t-il ?
Le monopole inhabituel des manutentionnaires en Espagne, que se passe-t-il ?
Anonim

En Espagne, un monopole continue d'exister depuis des décennies dans l'un des secteurs les plus importants du commerce, ce qui affecte gravement la croissance du pays. Malgré cela, il est passé pratiquement inaperçu de la plupart des consommateurs. C'est le monopole des débardeurs, c'est-à-dire des ouvriers qui chargent et déchargent les marchandises des bateaux et qui sont chargés de répartir les poids de manière appropriée. Nous analysons ce qui se passe et pourquoi l'Union européenne menace d'infliger une amende à l'Espagne si elle ne libéralise pas le secteur.

Un peu d'histoire

Ses débuts remontent à plus de trente ans, lorsque le gouvernement actuel a créé l'Organisation des travailleurs portuaires (OTP), à laquelle pouvaient s'adresser les entreprises souhaitant obtenir des services de manutention temporaire. Son contrôle était entre les mains du Port Works Board, bien qu'en pratique ce contrôle était pratiquement nul, permettant aux prix et aux salaires des travailleurs d'augmenter de manière significative et continue.

Au fil du temps, les OTP sont devenues des Stowage Societies, sous le contrôle de l'État, qui ont établi l'obligation pour les entreprises qui voulaient agir dans le port de s'intégrer obligatoirement à l'entreprise et de n'embaucher que leurs travailleurs. Cela a annulé le concours et donné un pouvoir pertinent aux sociétés qui en ont profité pour créer un syndicat (le Coordinateur), auquel pratiquement tous les travailleurs ont adhéré. Par la suite, les sociétés d'arrimage ont été appelées Sociétés Anonymes de Gestion des Travailleurs Portuaires (SAGEP) et l'Etat abandonna définitivement son contrôle.

Situation actuelle des manutentionnaires

Aujourd'hui, les SAGEP disposent d'un pouvoir quasi illimité, les entreprises de manutention qui souhaitent opérer dans les ports publics doivent entrer dans le capital de la SAGEP et sont obligées d'embaucher leurs travailleurs. Cela permet de facturer des salaires qui peuvent varier entre 60 000 et 150 000 euros par an, auxquels s'ajoutent une série d'avantages supplémentaires (commissions, intéressement, etc.).

La plupart des travailleurs sont affiliés au principal syndicat du secteur, la Coordinadora Estatal de Trabajadores del Mar, dont l'influence s'étend aux 36 ports espagnols. L'entrée des nouveaux travailleurs de la SAGEP est pratiquement bloquée, il y a actuellement environ 6 200 salariés et les postes sont quasi héréditaires.

Les effets sur l'économie sont graves, le chenal portuaire proche de la 90% des importations et 60% des exportations. Le monopole de la SAGEP a considérablement augmenté les coûts des entreprises, ce qui fait monter les prix et finit par nuire à la fois aux consommateurs et à la compétitivité et à la croissance du pays.

En effet, on estime qu'en Espagne, les coûts d'arrimage correspondent à 51 % de chaque conteneur transporté au port, alors qu'au Royaume-Uni, ils sont de 25 % et en Allemagne de 37 %.

Les dégâts sont évidents, mais les gouvernements qui avaient la responsabilité d'agir n'ont rien fait, c'est le Cour de justice de l'Union européenne celui qui a dû menacer d'amendes si l'Espagne ne décide pas de libéraliser le secteur une fois pour toutes. Il y a déjà une pénalité pour retard de 21,5 millions d'euros et si le gouvernement ne fait rien, il s'exposera à des amendes de 134 100 euros par jour jusqu'à ce que la réglementation change.

L'inaction du gouvernement ne s'explique que par la crainte de la réaction du syndicat, qui a manifestement menacé de grèves et d'arrêts de travail afin de ne pas perdre ses privilèges. Cependant, cela ne constitue pas une justification raisonnable, les pertes pour l'Espagne sont énormes et il est vraiment inhabituel qu'un monopole de ces caractéristiques perdure à notre époque. Il est temps d'agir de manière responsable et de permettre à la libre concurrence de diluer les bénéfices abusifs de quelques-uns.