La France cherche à se rapprocher de l'Allemagne, mais en important la réforme du travail espagnole

Macron présente une réforme du travail inspirée de celle espagnole, mais avec des vues tournées vers l'Allemagne. Nous analysons les résultats obtenus par les deux pays et les nouvelles mesures débattues en France.

Dans l'espoir de relancer la création d'emplois dans son pays, Emmanuel Macron met en branle la promesse vedette de son programme électoral, la réforme du marché du travail français. La proposition, à la fois applaudie et rejetée par une opinion publique fortement divisée, a déjà été accueillie par des mobilisations et des grèves dans tout le pays face à ce qu'une partie de la société considère comme une menace pour les droits des travailleurs. Au contraire, tant l'UE que les pays voisins ont accueilli la nouvelle avec optimisme, comprenant qu'elle renforcera la deuxième économie de l'euro et qu'elle réduira les asymétries sur le marché du travail du Vieux Continent.

Si elle est approuvée, ce serait la troisième grande réforme du marché du travail en Europe. Les deux précédents, l'Allemand de 2003-2005 et l'Espagnol de 2012, ont également cherché stimuler la création d'emplois au moyen du assouplissement de la législation du travail, bien que par des chemins très différents. Le nouveau président français disposait donc de deux modèles pour inspirer sa réforme, avec la possibilité de les comparer et de décider lequel serait le plus approprié pour son pays. De même, dans cet article, nous analyserons les réussites et les échecs des réformes allemande et espagnole, ainsi que leurs degrés d'influence respectifs sur les Français.

L'Allemagne et l'Agenda 2010

Au début du XXIe siècle, l'économie allemande présentait une série de rigidités structurelles qu'ils l'ont placé dans un situation paradoxale : en dépit d'être la première économie européenne et d'avoir des taux de croissance positifs, en plus d'une situation internationale favorable, le chômage ne cessait de croître. Ce problème, qui existait depuis le début des années 1990 et n'avait été initialement perçu que comme un effet temporaire de la réunification, devenait déjà une faiblesse structurelle de l'économie allemande, qui finit par convaincre le gouvernement du social-démocrate Gerhard Schröder de la nécessité d'agir .

Le plan, connu sous le nom Agenda 2010, consistait en fait en un ensemble complet de mesures qui ont été approuvés en quatre phases entre 2003 et 2005, dont la plupart restent en vigueur aujourd'hui. Premièrement, les services publics de l'emploi ont été réorganisés, favorisant des politiques actives et augmentant le rôle des agences privées, tout en limitant la couverture aux chômeurs et en les obligeant à justifier le rejet des offres d'emploi correspondant à leur profil. En revanche, l'embauche a été assouplie pour un nombre d'heures réduit, ce qui a permis l'apparition de mini-jobs (contrats de moins de 450 euros par mois et sans couverture santé). Enfin, de nombreuses incitations fiscales ont été mises en place pour l'emploi, réduisant les cotisations sociales et l'imposition des revenus du travail.

Les effets de l'Agenda 2010 sur le taux de chômage ont été immédiats, avec une baisse de 11,2 % mi-2005 à 3,8 % aujourd'hui (sans que la crise de 2007 n'ait arrêté la création d'emplois), grâce à laquelle l'Allemagne est devenue le moteur authentique d'Europe et il a attiré des milliers de jeunes d'autres pays de l'UE à la recherche d'opportunités. Cependant, la réforme s'est également traduite par une certaine précarité de l'emploi, notamment dans les emplois peu qualifiés.

La réforme de 2012 en Espagne

Avec une économie qui présentait également de nombreuses rigidités structurelles, l'Espagne est entrée dans la crise avec un taux de chômage de 8%, mais l'éclatement de la bulle immobilière a rapidement provoqué la fermeture de milliers d'entreprises et la destruction de millions d'emplois. La réponse du gouvernement socialiste de José Luis Rodríguez Zapatero a en revanche lamentablement échoué : son plan de relance budgétaire n'a contribué qu'à l'augmentation de la dette, et les mesures visant à assouplir l'embauche étaient trop timides pour arrêter l'hémorragie qu'il a été confirmé année après année. Cette montée alarmante du chômage a rapidement révélé la nécessité d'une réforme plus approfondie du travail, ce qui n'interviendra toutefois qu'en 2012.

Bien qu'au début, les recommandations répétées de l'UE aient suggéré une imitation de la réforme du travail allemande, la vérité est que les mesures approuvées par le gouvernement espagnol en 2012 avaient peu à voir avec l'Agenda 2010. Au lieu de cela, le plan a rendu moins coûteux le licenciement des travailleurs. avec un contrat à durée indéterminée par la réduction des indemnités de licenciement et a permis de remplacer la négociation collective sectorielle par la négociation d'entreprise. Ces initiatives visaient à mettre fin à la dualité traditionnelle du marché du travail espagnol (c'est-à-dire à un énorme écart de droits entre les travailleurs permanents et temporaires) et à assouplir les conditions d'embauche.

La réforme espagnole a ainsi exploré une chemin différent de celui allemand, même si son effet sur l'emploi semble avoir été très similaire : le chômage, après avoir continué de croître en 2013 pour atteindre son maximum historique (26,2 %), est entré dans une phase de baisse et s'établit désormais à 17,3 %. Dans le même temps, le caractère temporaire et la précarité des emplois créés ont également été valorisés, c'est pourquoi il n'y a pas de consensus dans l'opinion publique sur l'efficacité de la réforme.

La stagnation de la France et la réforme de Macron

De son côté, comme nous l'avons déjà commenté dans des articles précédents, la France a subi ces dernières décennies une stagnation progressive dont il sera difficile de sortir sans moderniser son modèle de production. Comme on peut le voir sur le graphique, le maintien de coûts de licenciement élevés ne semble pas avoir empêché les augmentation du chômage, qui se stabilise autour de 10 % depuis 4 ans et ne montre aucun signe de retour à son niveau d'avant-crise (7,3 %). D'autre part, il est également évident que la réduction drastique du chômage en Espagne et en Allemagne coïncide dans le temps avec la mise en œuvre de leurs réformes du travail (2012 et 2005, respectivement). Cette analyse nous conduit inévitablement à une conclusion, partagée par Macron et les autorités bruxelloises : si la France veut créer des emplois et relancer la croissance en Europe, elle devra réformer en profondeur son marché du travail.

Cependant, il existe aussi un facteur de précarité de l'emploi présent dans des pays qui ont assoupli les conditions d'emploi, et cela n'a sûrement pas échappé à l'analyse de l'exécutif français. En ce sens, on peut observer une forte augmentation du travail à temps partiel en Allemagne (dépassant déjà le quart de l'emploi total), conséquence logique de la multiplication des mini-jobs au détriment des contrats à temps plein. Une tendance similaire peut être observée en Espagne, bien que plus modérée. En ce qui concerne l'emploi temporaire, dans les deux pays, il y a eu une légère augmentation (0,7%).

En France, la précarité a également augmenté malgré le maintien d'un cadre réglementaire plus rigide

Au vu des résultats analysés, il serait aisé de déduire que la précarité des conditions de travail est une conséquence directe de la flexibilisation du marché du travail, comme le prétendent les opposants aux réformes. Cependant, cela n'explique pas pourquoi tant l'emploi temporaire que l'emploi à temps partiel ont également augmenté en France, malgré le maintien d'un cadre réglementaire plus rigide. Au contraire, la variable où l'on trouve une différence significative est le taux de chômage (avec des résultats clairement défavorables pour la France), ce qui permet de conclure que le marché du travail français souffre problèmes similaires à vos voisins mais ne partage pas ses avantages.

Cette situation est ce qui a conduit Macron à proposer sa propre réforme du travail pour la France. Le plan met particulièrement l'accent sur la négociation d'accords, puisqu'à compter de son approbation, les employeurs seront autorisés à convenir de leurs propres conditions avec les employés. Les grands accords au niveau sectoriel continueront donc à avoir lieu mais perdront leur validité dans les entreprises qui ont signé leur accord particulier. La réforme aussi affaiblit le pouvoir des syndicats, en permettant de les exclure des négociations dans les entreprises de moins de 50 salariés.

Quant aux licenciements, ceux qui sont jugés appropriés verront leur indemnisation limitée par la loi, puisque jusqu'à présent leur montant était décidé à la discrétion des instances publiques d'arbitrage du travail. Les injustes, en revanche, verront leurs indemnités de licenciement augmentées de 25 %, même si en revanche le licenciement sera facilité pour les multinationales qui subissent des pertes en France. Le plan envisage également de réglementer les plans de départs volontaires par la loi et de réduire le nombre de comités d'entreprise, réduisant ainsi le nombre de syndicalistes licenciés.

De cette manière, il semble clair que les mesures proposées par Macron sont beaucoup plus proches de la réforme espagnole qu'à l'Agenda 2010, malgré les allusions continues du président français aux réalisations de l'économie allemande. En réalité, le fait de concentrer vos efforts sur une négociation plus souple ne semble pas sans logique, puisque le marché du travail français est peut-être le les plus syndiqués d'Europe, et la situation en Espagne avant 2012 n'était pas très différente.

Además, también es posible imaginar el coste político de permitir la creación de minijobs y de reducir las prestaciones de desempleo en un país donde las condiciones de trabajo aún están reguladas por el Código Laboral de 1910 y que tradicionalmente ha hecho gala de su protección de los droit du travail.

Dans le domaine des licenciements, il est plus difficile de trouver une similitude avec la réforme espagnole, même s'il existe également une certaine flexibilité. La raison de cet éloignement pourrait être la situation du marché du travail français, qui présente des taux d'intérim inférieurs à ceux de l'Espagne (en raison, entre autres, d'un modèle de production à plus forte valeur ajoutée), grâce auquel il n'y a pas de dualité aussi marquée et par conséquent, il n'aurait pas autant intérêt à le réduire que son voisin du sud.

cependant, réformes en Espagne et en France présenter le mêmes défauts : aucune mesure n'est prise contre la fraude aux prestations, les services publics de l'emploi continuent de présenter de graves inefficacités, les politiques actives ne sont pas appliquées et la flexibilité du marché du travail ne s'étend pas au secteur public. En conséquence, l'effet des réformes peut être limité, ce qui se produit déjà dans l'économie hispanique : en août de cette année, 179 485 emplois ont été détruits, un chiffre qui n'avait pas été vu depuis le pire moment de la crise en 2008. .

De cette façon, on pourrait dire que la tentative de relancer le marché du travail français stagnant serait fortement inspiré par la réforme espagnole, malgré le fait que le véritable objectif est de regagner le leadership économique européen dont seule l'Allemagne jouit désormais. Non seulement la réduction drastique du chômage réalisée par son voisin du sud y contribuerait, mais aussi la difficulté de mettre en œuvre une nouvelle version de l'Agenda 2010 dans un pays à la culture du travail si différente de l'allemande.

Y si no faltan voces que reclaman una liberalización más decidida de las relaciones laborales, en general los mercados han recibido la noticia con optimismo: al fin y al cabo la reforma de Macron, si bien es limitada en algunos aspectos, podría ser un hito histórico dans la libéralisation de l'économie la plus syndiquée d'Europe, le premier pas vers la modernisation que l'économie française exige tant.

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